Ces derniers temps, j’avance tranquillement dans ma collection un peu envahissante de beaux livres Disney, plus ou moins dans l’ordre chronologique. La dernière lecture en date est le très beau Art of Mulan de Jeff Kurtti, paru en France sous le titre Mulan, l’histoire d’une épopée. Il s’agit dans mon cas d’une réédition du livre de 1998, toujours aux éditions Hyperion. C’est un grand volume d’ailleurs, qui ne rentre pas même dans mes étagères Kallax ! Il est aussi grand que le Art of Pocahontas mais on oublie vite ce genre de détails quand on le feuillète. Bref, je m’égare un peu ! Je disais donc un des bébés de Jeff Kurtti, avec qui j’entretiens une relation passion-haine tellement ses publications sont inégales (je n’ai toujours pas digéré le Practically Poppins pour être tout à fait honnête). Toutefois, les reviews m’ont séduite et je me suis enfin lancée à mon tour ! Faites chauffer le thé, lancez la BO, et let’s get down to business (to defeat the Huuuuuuns 🎶 ).

– 🐉 The Art of Mulan 🐉 –
Résumé de l’éditeur
En 1998, Disney s’emparait pour la première fois des contes et récits de l’empire du Milieu pour donner naissance à un long-métrage partout acclamé et devenu depuis un classique de l’animation. La jeune Mulan voulant sauver l’honneur de sa famille, l’incorrigible dragon Mushu, les terribles Huns, le courageux Shang… avec ses personnages iconiques, ses décors de toute beauté et ses chansons entêtantes, ce chef-d’oeuvre a marqué des générations de spectateurs.
Voici toutes les coulisses d’un film magique, toute l’histoire de Mulan, l’intrépide guerrière qui, un jour, sauva la Chine.
– 🐉 Présentation & Mon avis 🐉 –
The Art of Mulan s’ouvre sur une préface de Thomas Schumacher, qu’on ne présente plus, qui commence fort avec cette jolie citation « Disney has always been a company of dreams: telling them, planting them, fostering them » (p.9). Notre ami Thomas est un passionné et il donne le ton pour l’ensemble de l’ouvrage qui, si je devais le résumer en un mot, serait bien décrit par « passion ».
Ce livre est découpé en quatre grandes parties thématiques. La première s’intitule « The Mythic Journey of Mulan » et je pense que vous ne serez pas surpris que ça soit celle que j’ai préférée. L’auteur y décrit en détail toute la réflexion qui a eu lieu autour de la figure du héros, présente dans les nombreuses versions de la légende de Mulan qui existent dans toutes l’Asie. En Chine, Mulan est aussi connue que Cendrillon – si ce n’est plus ! – bref : c’est une véritable icône ! Kurtti évoque les origines de l’histoire de Mulan et les multiples réécritures au fil des siècles, en fonction des changements de dynasties. Comment démêler le « vrai » du « faux » ? Jeff Kurtti soulève parallèlement un point intéressant : l’importance d’une héroïne et non d’un héros, dans un contexte culturel où les femmes ont été enfermées dans les conventions pendant des siècles : « Given the social standing of women in Asian cultures, it is not surprising that the unconventional story of Mulan, « the secret soldier », with its issues of gender deception and denouncement of conventional bias, has been popular for centuries » (p.21). Est-ce que Mulan a réellement existé ? Aucune preuve définitive n’existe, mais ça n’empêche pas tout le monde de vouloir se l’approprier comme héroïne locale, en raison de ce quelle représente. Il y a aujourd’hui encore débat sur la période où elle est « apparue », et même son nom lui même est contesté et varie selon les dialectes.
Lors de la création du film, le risque de « disneyification » d’une légende ancrée dans une culture différente était au centre des préoccupations. Comment s’approprier l’histoire sans la dénaturer ? La multitude de versions existantes en Chine même a ouvert la voie pour une nouvelle interprétation, de la même manière que les frères Grimm ou Perrault ont pu le faire avec les contes que l’on connait. Pour cela, l’équipe du film s’est rendue en Chine, et ce voyage est décrit en détail dans le chapitre 2, « The Journey of Discovery« . On suit le parcours des artistes au travers de différentes régions, leurs influences, leurs découvertes et leurs coups de coeur. Et quel coup de coeur ! On sent véritablement dans leurs témoignages et croquis que ce voyage a été bouleversant et complètement dépaysant.
La partie 3, « The Journey of Production » rentre plus sérieusement dans le vif du sujet, avec, vous l’aurez deviné, la production du film. Kurtti relate d’abord les étapes de création de l’univers visuel, notamment avec l’aide de l’artiste Chen-Yi Chang , qui a contribué à la création d’un style guide et a appris à ses collègues à repenser leur façon de dessiner. Son approche du design des personnages se résume en un mot : simplifier. Tout repose sur la suggestion, faire passer le message sans avoir à donner de détails. L’auteur évoque également le travail important de recherche réalisé par Chang pour la création des personnages secondaires et d’arrière-plan pour apporter un aspect éducatif. Un sous-chapitre entier est dédié aux effets d’eau et de fumée, deux éléments représentés de manière particulière dans l’art chinois. Les couleurs et les symboles ont dû être analysés pour respecter la culture d’origine de Mulan tout en ayant du sens pour un public plus occidental.
Plus loin, et c’est un passage très intéressant à mon sens, Kurtti parle de l’attachement de l’équipe au personnage de Mulan, comme s’il s’agissait d’une personne bien réelle. Il explique qu’elle est intéressante en raison de son caractère faillible, son imperfection, sa maladresse : « She gets made up like a bride to impress the matchmaker. That doesn’t work. Then she gets dressed up as a man to fit in the army. That doesn’t work. It’s not until she takes off all these disguises that she’s able to finally win respect, defeat the villain, do everything she’s wanted to do – but as herself » (p.117). (« Elle est déguisée en mariée pour impressionner la marieuse. Ca ne marche pas. Elle est habillée en homme pour s’intégrer à l’armée. Ca ne marche pas. Ce n’est que lorsqu’elle retire tous ces déguisements qu’elle gagne enfin le respect, bat le vilain, fait tout ce qu’elle désire – mais en tant qu’elle même »). Kurtti s’intéresse également au travail réalisé sur la relation de Mulan avec son père, et son rapport à l’honneur.
Enfin, la partie 4, « Journey’s End » est plus une lettre d’amour au film qu’un bilan. L’équipe du film revient sur cette expérience et ce qu’elle leur a apporté d’inoubliable. Mulan est le premier long métrage réalisé par les studios de Floride, et pas des moindres !
Dans l’ensemble, ce Art of Mulan est un ouvrage très complet et très bien illustré. Au-delà d’une simple collection d’image et de citations comme ont pu l’être ses dernières parutions, Kurtti livre un beau recueil qui rend véritablement hommage au film, à son équipe, et simplement à la légende de Mulan. J’ai beaucoup aimé les anecdotes et l’aspect affectif qui transparaît dans le texte. On sent que Mulan était le bébé de ses créateurs, et ils en sont terriblement fiers. On verra ce que l’avenir (et le reste de ma PAL) me réserve, mais je crois que je suis en train de me réconcilier avec Jeff Kurtti. S’il peut produire ce niveau de qualité une fois de temps en temps, je lui pardonne les quelques bouquins paresseux qui me sont passés entre les mains. Bref, je vous recommande de bon coeur The Art of Mulan, une lecture très plaisante et une très belle pièce pour votre collection. Il ravira sans aucun doute tous les fans du film d’animation. Petite note finale : la réédition a beau être récente, elle ne comporte pas de chapitre supplémentaire dédié à l’adaptation live action (contrairement aux volumes dédiés à Cendrillon et La Belle au Bois Dormant).
Est-ce que vous l’avez lu ? Quel film aimeriez-vous voir décortiqué dans un bel ouvrage ? 🤓
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J’ai survolé ton article car c’est une de mes prochaines lectures mais j’ai la VF. On verra ce que ça donne !
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J’espère qu’elle sera aussi chouette que la VO ^^
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Ce livre a été une merveilleuse surprise pour moi, dans son édition française. J’ai absolument dévoré ce recueil qui comme tu le dis, est rempli d’anecdotes et non simplement une exposition d’illustrations, ce que j’apprécie également !
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Les belles éditions se font rares, et j’apprécie qu’ils aient réédité celle-ci ^^
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Effectivement il a l’air top, tout n’est pas perdu pour Jeff Kurtti alors ^^
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